Quatre vins signés François Chartier

Chronique de Karyne Duplessis, La Presse

François Chartier ne vous dit pas quoi manger avec ses vins. Il vous le montre. 

Les étiquettes de ses quatre premiers vins présentent de manière très explicite les aliments qui peuvent les accompagner.
Le sommelier, auteur de plusieurs ouvrages sur les harmonies mets et vins, voulait simplifier les visites à la SAQ.
«Quand les gens entrent dans une SAQ, la première chose qu’ils demandent, c’est quoi boire avec leur souper, raconte François Chartier. Quand on regarde mes vins, on comprend en trois secondes que l’on suggère une harmonie mets et vins.»
Ses étiquettes, créées par la firme publicitaire Sid Lee, n’ont rien de subtil. Sur le rouge de Bordeaux, on voit un dindon rôti, des asperges et des champignons. Sur le blanc du pays d’Oc, une pince de homard et une noix de coco.
Au-delà du look audacieux, l’élaboration des vins est le fruit d’un long travail, affirme le sommelier. Il a sélectionné puis assemblé les cuvées dont les composés aromatiques se retrouvent dans des aliments précis.
«Ce sont des vins pensés et produits pour la table», résume-t-il.
Est-ce que ses vins se limitent aux aliments affichés sur l’étiquette? Non, explique Chartier. D’autres suggestions se trouvent au recto de la bouteille. Un truc : essayer les mêmes accords avec les autres vins de la même appellation. Puisque les harmonies sont en partie réalisées sur la base des cépages, le mariage pourrait être réussi.
«Est-ce que ça fait des vins meilleurs? Non», poursuit-il.
«Mais si vous réalisez ces accords, vous allez peut-être toucher le nirvana.»

Dans les bouteilles

Le sommelier a voulu créer des vins représentatifs de leur appellation : un merlot de Fronsac à Bordeaux, un blanc du sud de la France élevé en fût de chêne, un assemblage typique des Côtes-du-Rhône et un Sangiovese de Toscane.
Ce n’est pas le seul point que ses vins ont en commun. Tous ont une acidité rafraîchissante en bouche et ils ne sont pas marqués par un élevage excessif sous bois.
«Je suis las des vins à 15 degrés d’alcool avec des arômes de fruits surmûris, qui nous saturent après un verre, dit-il. Je voulais des vins digestes.»

D’autres vins au printemps

La moitié de la production des vins de Chartier est mise en vente le 3 octobre au Québec, soit l’équivalent de 78 000 bouteilles. Selon le succès des ventes, il pourrait élargir sa commercialisation dans l’ouest du pays, aux États-Unis et en France dès l’automne 2014.
Le sommelier a aussi conçu d’autres vins. Un rouge d’Espagne sera en vente au mois de mars et un rosé français sera offert l’été prochain.

En dégustation

Le blanc, pays d’oc 2012, 18,95 $
Vivement le retour de la saison du homard pour servir ce blanc avec le fameux crustacé ! Dans le verre, c’est parfumé sur des accents de pêche. En bouche, c’est rond, presque costaud et puissant. On remarque de nouveau les pêches et les abricots, rehaussés d’une acidité agréable. Simplement dit : c’est bon! 13 %
Fronsac 2010, 19,95 $
Ce vin à base de merlot est, à mon avis, le meilleur des rouges de Chartier. Issu d’une vendange exceptionnelle à Bordeaux, le vin est savoureux, sur des notes de cassis, de terre et de poivron. En bouche, il a plus de corps et plus de longueur que les autres. Bien fait! 13,5 %